jeudi 29 décembre 2011

► A HISTORY OF VIOLENCE (2005)

Réalisé par David Cronenberg ; écrit par Josh Olson.


 …La ligne et le virage. 

Ce sont les deux motifs fondamentaux du film, ils sont à prendre au sens propre comme au sens figuré, de façon interne et externe au film. En effet, la narration suit une ligne temporelle sans analepses (retours en arrières) alors même que le film n’a de cesse d’invoquer un passé et finalement de l’instaurer par le retour physique de personnages appartenant à ce temps révolu.

La ligne du temps que l’on représente généralement par un trait  horizontal est celle aussi du film, pour la raison que l’on vient d’évoquer, mais aussi pour sa forme même, à savoir cette ligne droite. Et le générique du film est particulièrement révélateur et essentiel quant à la mise en place de cet aspect linéaire d’une part, mais aussi du virage que cette ligne va devoir emprunter, une bifurcation vers un passé qui devient présent.

Le film débute ainsi par un plan séquence fait d’un travelling latéral sur deux personnages, les éléments déclencheurs de la rupture de la ligne. Les détails sont d’une importance subtile dans ce début. Le travelling va d’une porte close à une autre qui est ouverte par les deux personnages, comme ils vont ouvrir le passé tortueux de Tom, personnage interprété par Viggo Mortensen. Le premier homme qui sort remet en place une chaise, en ne la bougeant que de quelques centimètres, entre lassitude et méticulosité, et pourtant il vient déjà de troubler la place de cet objet. Et ce n’est pas n’importe quel objet, et ce n’est pas un geste anodin : une chaise, symbole de la situation de Tom, assis dans une vie calme que deux hommes vont par hasard déranger, déplacer sur une ligne parallèle, celle de l’existence passée de Tom.

Deux personnes qui semblent errer dans une sorte de langueur et puis le travelling cesse, on passe de l’extérieur à l’intérieur du motel  pour découvrir leurs atrocités, comme on découvrira l’envers de Tom. La rupture était en latence depuis le début (latence renforcée en off par le son des grillons), elle est effective par la cassure du mouvement de caméra comme se rompt alors la ligne tranquille de la vie de Tom.

Le motif des lignes (jaunes) de la route se retrouvera alors à plusieurs reprises tout comme les panneaux de signalisation indiquant un virage, celui que la vie de Tom a été forcée de prendre. Il fait retour vers un passé de façon physique et mentale, en voiture ou à pied, comme lors de la course effrénée vers sa maison, sorte de parcours symbolique où il est forcé de remonter cette route, comme il remonte sa ligne du temps, avec la douleur que cela provoque. Il doit ainsi emprunter des virages au sein même de son présent pour mieux rétablir sa ligne droite, son existence…

Romain Faisant, écrit le 21/11/05

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